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jeudi 22 septembre 2011

Georges Pompidou, homme de culture...et de désordre salutaire

Il y a plusieurs Georges Pompidou : au niveau politique, celui des grands projets industriels (Ariane, TGV, Concorde, RER...) qui a fait de l'ingénieur une figure emblématique de la société avec cependant, comme revers de la médaille, des choix aujourd'hui largement remis en cause (notamment celui de la ville devant s'adapter à la voiture, mais gare aux appréciations a posteriori) ; au niveau personnel, celui d'un mari très proche de sa femme et partageant avec elle un goût immodéré pour l'art contemporain (je serais d'ailleurs curieux de savoir ce qu'est devenue l'aile est de l'Elysée, mise au goût du jour avec du mobilier design). Ces deux aspects de Pompidou m'interpellent car pour le premier il a permis à la France d'épouser son époque voire de faire preuve d'une véritable audace. Pour le second, on ne peut être qu'ému par le personnage (tombé presque par hasard en politique, touché dans sa chair par l'émotion qu'a suscitée en lui les événement de 68 et par cette relation si forte avec sa femme), et au-delà, par ce sentiment que lorsque vous parliez avec lui, vous étiez la personne la plus importante qu'il n'ait jamais rencontrée.


Il y a un troisième aspect du personnage qui me séduit plus encore : c'est l'homme de lettres, de culture. En conférence de presse, il cite Paul Elluard à propos du fait divers qui a bouleversé la France (cette enseignante tombée amoureuse d'un jeune homme de 17 ans, condamnée par la justice, puis se suicidera). Cette même culture qui lui a permis de comprendre avant beaucoup d'autres l'évolution de la société à la sortie des années 60. Alors que de Gaulle s'arcboute en mai 68 et "fuit" en Allemagne, Pompidou comprend que la France a évolué et qu'elle aspire à une plus grande respiration démocratique. C'est notamment en voyant "le chinois" de Godard qu'il perçoit cette évolution. C'est la culture qui lui a permis de mieux cerner les nouvelles forces vives et de faire en sorte que l'Etat soit le catalyseur de la créativité à tous les échelons de la société. Sans culture, comment appréhender les différentes réalités sociales ? Comment même les comprendre puisque pour certains elles n'existent même pas, voire sont source de désordre. Or le désordre est salutaire car il permet de libérer les énergies créatrices. Certains de nos hommes et femmes politiques seraient avisés de se le rappeler !